9

 

 

 

 

Si tu veux faire rire Dieu aux éclats, parle-lui de tes projets.

 

Anonyme.

 

 

Tantah, début octobre 1919

 

 

Au-dessus de la ferme, le ciel était d'un bleu métal et l'air empli du parfum des orangers en fleur. On eût dit que la nature tout entière avait décidé de s'associer à la gloire de Zaghloul qui tentait de négocier en ce moment même, à Paris, l'indépendance de l'Égypte. Mais la délégation égyptienne, qu'il avait baptisée le Wafd[45], pèserait-elle face à des personnalités telles que le Français Georges Clemenceau, l'anglais David Lloyd George, Woodrow Wilson, vingt-huitième président des États-Unis d'Amérique, ou Vittorio Orlando, le président du Conseil italien ? Même les esprits les plus optimistes ne se faisaient guère d'illusions. Depuis quand une conférence organisée par les vainqueurs pour négocier avec les vaincus avait-elle quelque chance d'aboutir à des gestes magnanimes ?

À l'heure du couchant, alors qu'une tendre brise courait parmi les cotonniers, une pensée traversa l'esprit de Loutfi bey. Une pensée qu'il ne se serait jamais cru capable de concevoir. Cette ferme avait été bâtie avec des pierres d'Égypte. Le parfum des fleurs était issu de la terre d'Égypte. Le coton aussi. Sa fortune provenait de cette même terre. Était-il possible que tout cela fût soumis à la volonté d'étrangers arrogants ? Même son contremaître – pourtant si loin des ambitions nationalistes des « gens éduqués » – avait semblé ému par la fièvre qui s'était emparée du pays après la déportation de Zaghloul. Il avait osé lui demander s'il n'y aurait pas d'autres clients que les filateurs de Manchester, parce qu'il se sentait meurtri à l'idée de vendre du coton égyptien à l'ennemi britannique. Non. Contrairement à ce que Farid Loutfi avait cru, les manifestations des partisans de Saad Zaghloul ne relevaient en rien d'une simple crise de nerfs. Non. L'Égypte était peut-être en train de lever la tête.

Il regarda vers son épouse. Elle tricotait et paraissait bien lointaine. Leur fille, Mona, était allongée sur une chaise longue, absorbée par la lecture d'un journal. Il se pencha pour lire le titre, L'Égyptienne, et ne put s'empêcher de demander sur un ton sarcastique :

– Madame la féministe va bien ?

La jeune fille éluda la question et lut à voix haute :

– « Malgré les obstacles, malgré l'attitude de despotisme adoptée par l'homme à l'égard de la femme dont il veut confiner la fonction aux simples travaux de la maison... »

– Arrête Mona !

– « ... l'Histoire de l'humanité a retenu des pages sublimes aux rôles joués par la femme, à l'image de Catherine II impératrice de Russie, que M. Voltaire avait surnommée "le seul grand homme de l'Europe"... »

– Il suffit ! Un mot de plus et tu vas comprendre ce qu'est la vraie condition féminine !

Il interpella son épouse :

– Elle est belle, ton éducation !

Amira lui décocha un regard indifférent et replongea le nez dans son tricot.

 

Taymour s'arrêta près d'une noria et examina Mourad avec ferveur.

– Tu me jures que c'est la vérité ? Jure-le-moi !

Pourquoi te mentirais-je, mon ami ? Oui, c’est la vérité. Néanmoins, permets-moi quand même de te dire mon chagrin : comment as-tu pu imaginer un seul instant que je cherchais à dévoyer ta sœur ? Ou, pire, à abuser d'elle ? Tu m’as fait une peine immense.

L’Égyptien baissa les yeux, tandis que son ami poursuivait

La semaine passée, alors que j'étais à Haïfa, j'ai parlé à mes parents et leur ai fait part de mes intentions.

Comment ont-ils réagi ?

Ils ont pleuré de joie. Ma mère, surtout.

– Je te demande pardon. Ce n’est pas de toi que j'ai douté, mais de Mona. Ces idées « modernes » lui tournent parfois la tête. À vrai dire, j'ai craint autant pour toi que pour elle.

Es-tu rassuré à présent ?

Dans un élan chaleureux, Taymour donna l'accolade au Palestinien.

Je le suis, mon frère. Je le suis. Pardonne-moi encore d'avoir douté. Maintenant, le plus dur reste à faire. Affronter le dragon ! Viens !

 

À mesure que le Palestinien parlait, les pupilles de Farid Loutfi se dilataient au point que, lorsque le silence retomba, on eût dit deux soucoupes. Amira avait arrêté de tricoter. Mona, elle, tremblait un peu et des larmes coulaient le long de ses joues.

Finalement, Farid réussit à bredouiller :

Épouser ma fille ?

Mourad, droit comme un I, dans un garde-à-vous respectueux, se contenta d'incliner la tête en avant.

L’Égyptien se tourna vers son épouse.

Tu as entendu ?

La femme leva les yeux au ciel avec une moue fatiguée qui voulait dire : « Évidemment ! Suis-je sourde ? »

Ou est le problème ? questionna Taymour. Mourad n’est-il pas digne d'épouser ma sœur ?

Au cas où cette évidence te serait sortie de l'esprit, rétorqua Loutfi bey, je te rappelle que ta sœur est avant tout ma fille.

Il fixa le Palestinien et conclut :

– Je regrette. La réponse est non.

Quoi ?

L’exclamation, presque un cri, avait été lancée par Mona.

La jeune fille bondit de son fauteuil et vint se camper devant son père, poings sur les hanches.

Tu as dit non ?

J'ai dit ce que j'ai dit.

C'est impossible !

Ce qui est impossible ce sont les prétentions de ce jeune homme. Comprends que je n'éprouve aucune animosité envers toi, précisa Loutfi en regardant Mourad. Tu as de bonnes manières. On voit que tu es un enfant de bonne famille. Si j'en juge par les résultats que tu as obtenus et, d'après ce que mon cousin, le recteur de l'université, m’a confié, tu es sérieux dans tes études. Seulement, toutes ces qualités ne sont pas suffisantes pour faire un mari. En tout cas pas celui de la fille de Farid Loutfi bey.

Mona protesta :

Comment peux-tu savoir ce dont j'ai besoin ? Et quelles sont les qualités que je recherche chez un homme ? Peux-tu me dire, papa ?

Du calme, ma fille. J'ai bien expliqué clairement que j’appréciais notre ami. Lorsque j'affirme que ses qualités sont insuffisantes, je veux dire qu'il ne possède pas les moyens de subvenir aux besoins d'une famille.

Il posa sa main sur l'épaule de Mourad.

Devant Dieu, est-ce que je me trompe ? Tu as tout juste vingt ans. Tu as encore trois ans d'études et pas de travail. Alors ? Comment feras-tu pour nourrir ma fille et les nombreux enfants que le Très-Haut ne manquera pas de vous accorder ? Peux-tu me répondre ?

– Je n'ai jamais entendu pareilles niaiseries ! s'exclama soudain Amira. Et tout l'argent qui dort dans tes coffres, Loutfi bey ? Toutes ces liasses de Livres Sterling et tes lingots d’or et tes terres ? Ils doivent servir à quoi ? À nourrir les rats ? Tu ne peux pas aider ces jeunes gens à démarrer dans la vie ?

Quelle importance si pendant trois ou quatre ans tu subviens à leurs besoins ? Tu vas en tomber malade ? Hein ?

Ya rabb erhamni ! Mon Dieu, épargne-moi ! Qui parle de tomber malade ! Ou de ne pas les aider ! Mais il faut quand même que ce garçon commence à gagner sa vie avant de se marier, non ? C'est la moindre...

Pardonnez-moi, ma tante, intervint Mourad, d'une voix posée. Je crois que Loutfi bey a raison. J'avoue que mon amour pour votre fille a non seulement brouillé mon cœur, mais aussi mon esprit. En effet, il serait plus sage que nous attendions la fin de mes études. Car il est impensable et indigne que je sois entretenu par ma belle-famille. Vous avez mentionné les enfants. Comment pourrais-je regarder mon fils ou ma fille dans les yeux sachant qu'il est nourri par des tiers, même si ces tiers ne sont pas des étrangers ? Non. Je ne le supporterais jamais. Néanmoins, j'implore une faveur : autorisez-nous à nous fiancer. Ce gage d'union nous donnera le courage de patienter.

Il prit délicatement la main de Mona et murmura :

Loutfi bey, je vous en prie.

Accordé ! s'écria Amira sans hésiter.

Accordé ! reprit Taymour en écho.

Loutfi faillit s'étrangler.

Mon avis ? Quelqu'un peut-il me demander mon avis ?

À quoi bon ? répliqua Amira. On ne demande pas à un sourd s'il aime ou non la musique de la noce.

 

 

*

 

 

Damas, au même moment, 20 octobre 1919

 

 

Frappé de plein fouet par le soleil, l'imposant moucharabieh qui obturait la fenêtre fut contraint de céder le passage à la lumière. Brisés, réduits en losanges par le maillage, les rayons achevèrent leur course aux pieds du bureau derrière lequel avait pris place le haut-commissaire de la République de Syrie et de Cilicie, le général Henri Joseph Gouraud. Lorsqu’il avait fait son entrée dans la ville, plusieurs vieux Damascènes lui avaient trouvé la moustache aussi avantageuse que celle du Kaiser Guillaume II quand, une vingtaine d'années auparavant, celui-ci s'était présenté comme le héros de l'islam — encore un —, le protecteur des trois cents millions de musulmans dans le monde et qu'il avait paradé en grand uniforme dans les rues de Damas.

Assis à la droite du militaire, un personnage fumait la pipe avec une certaine solennité. Il s'appelait Robert de Caix, investi, peu de temps auparavant, des fonctions de secrétaire général pour l'Orient.

Voilà près de vingt minutes que le militaire exposait à Jean-François Levent la situation à laquelle la France était confrontée maintenant que les Britanniques avaient finalement accepté de se retirer de Syrie et de transmettre au gouvernement Clémenceau les clés du pays. L'encre de la signature posée au bas de l'accord n'était pas encore sèche, que déjà les oppositions à l'arrivée des Français s'élevaient de toutes parts.

Quel sac de nœuds ! songea Jean-François tandis que le général concluait :

Voilà. Je vous ai tout dit.

Une affaire bien complexe, n'est-ce pas ? nota Robert de Caix.

Complexe et surtout dangereuse, surenchérit Jean-François.

Il prit de sa poche un paquet de cigarettes, en offrit une au général Gouraud qui la saisit de sa main gauche. Non qu'il fut gaucher, mais son bras droit était resté sur le bateau-hôpital qui le ramenait des Dardanelles alors qu'il commandait le corps expéditionnaire français parti mourir là-bas sur une fausse bonne idée de Winston Churchill[46]. Touché par un obus, le membre du général avait dû être amputé. Toutefois, les dieux de la guerre sont connus pour leur générosité : Raymond Poincaré[47] en personne était venu décorer Gouraud de la médaille militaire sur son lit d'hôpital.

Levent tira une bouffée, puis :

Résumons. Au terme d'un bras de fer entre Clemenceau et Lloyd George, le Premier ministre de Sa Majesté, l'Angleterre s'est enfin résignée à nous remettre le contrôle de la Syrie, du Mont-Liban et de la Cilicie. En échange de quoi nous avons accepté de renoncer au vilayet de Mossoul.

Exact. Mais il s'en est fallu de peu. Certains dirigeants britanniques commençaient à se demander s'il était vraiment sage de tenir les promesses faites à la France dans le cadre de l'accord Sykes-Picot. Pour Lloyd George, ce traité se révélait « inapplicable », voire obsolète, vu que la Grande-Bretagne avait fourni le plus gros de l'effort de conquête. Ces messieurs estimaient que les forces françaises n'étaient finalement intervenues que marginalement dans la « révolte arabe ». En réalité, nos amis anglais, fidèles à leur habitude, cherchaient à nous doubler pour consolider leur emprise sur le Moyen-Orient.

Vous les connaissez, crut bon de préciser Robert de Caix. Ils font exprès d'être anglais.

À présent, où en sommes-nous ? reprit Gouraud. Premier point : nous avons quasi achevé la relève des Britanniques au Liban et, ici, sur le littoral syrien. Dans quelques semaines, nos troupes occuperont toute la région. Deuxième point : l'émir Fayçal se considère toujours comme le roi de Syrie et du Liban. Troisième point, c'est peut-être le plus ennuyeux : les nationalistes radicaux, rendus furieux par notre arrivée, n'aspirent qu'à nous mettre à la porte.

Vous avez parfaitement résumé la situation.

Savez-vous où se trouve l'émir actuellement ?

En France, répondit Robert de Caix, où il a été emmené par le capitaine Lawrence pour tenter de négocier avec Clemenceau. C'est d'ailleurs moi qui me suis occupé de tout organiser.

Robert de Caix fit une moue agacée avant de poursuivre :

À bien y réfléchir, ce Lawrence a fait preuve d'une incroyable légèreté. Promettre aux Arabes monts et merveilles ! Fallait-il qu'il fut naïf !

Peut-on lui jeter la pierre ? objecta Jean-François. Il avait la bénédiction de ses supérieurs et, indirectement, la nôtre. Après tout, nous avons laissé faire, n'est-ce pas ?

C'est exact, admit à contrecœur Gouraud. Vous imaginez bien qu'il n'était pas question de nous opposer. C'eût été suicidaire ! Ne le répétez pas, mon cher, mais la politique est parfois, hélas, l'art d'arriver par n'importe quel moyen à une fin dont on ne se vante pas.

Ce n'est pas moi qui vous contredirai mon général. À propos de Lawrence... je vais peut-être vous étonner. À mon avis, son erreur la plus grave n’est sans doute pas celle que l’on croit. Il en a commis une autre qui, tôt ou tard, aura des retombées incalculables.

Vous m'intriguez. De quoi parlez-vous ?

Il a misé sur le mauvais personnage.

Gouraud sourcilla.

Expliquez-vous, Levent.

Voyez-vous, il a toujours coexisté deux visions stratégiques au sein de l'état-major britannique. L'une revendiquée par un major du nom de St-John Philby, l'autre par le capitaine Lawrence. Philby a défendu bec et ongles la fameuse route terrestre des Indes, si précieuse à l'Empire britannique. Par conséquent, il n'a pas ménagé ses efforts pour que son pays soutienne l'homme qui, actuellement, règne sur la région centrale de la péninsule Arabique[48] : l'émir Ibn Séoud. Inversement, Lawrence, lui, estimait que, hors la route maritime, point de salut. D'où son acharnement à défendre Ibn Hussein, le chérif de La Mecque, maître du littoral le long de la mer Rouge et... ennemi juré d'Ibn Séoud. Le hic, c'est que le prestige de ce dernier n'a fait que croître, tandis que celui de Hussein s'est réduit comme peau de chagrin.

Ibn Séoud ? répéta Caix, pensif. N'est-il pas apparenté à un autre Séoud qui, dans un lointain passé, s'acoquina avec un prédicateur qui rêvait d'établir la doctrine d'un islam pur et dur ?

Absolument. Le prédicateur en question s'appelait Abdel Wahhâb et sa doctrine le « Wahhabisme ». Si Ibn Séoud l'emporte, ce qui semble acquis, toute la région va basculer dans cet islam ultraorthodoxe. Je ne donne alors pas cher de l'avenir du protégé de Lawrence.

Vous croyez vraiment que Séoud sortira vainqueur ?

Comment peut-il en être autrement ? Vu la façon dont les Anglais et nous-mêmes avons traité son rival et avec quel mépris nous agissons à l'égard de son fils, Fayçal…

Si nous revenions à l'essentiel ? proposa Gouraud. Vous avez bien cerné la situation. À présent, vous allez devoir agir. J'ai une mission à vous confier. Si Fayçal et Clémenceau ne parviennent pas à un accord, ce sera tout naturellement la guerre. De gré ou de force, les troupes arabes devront quitter ce pays. Et nous n'en ferons qu'une bouchée. En revanche, une fois cette affaire réglée, nous allons nous retrouver face à un ennemi plus retors que les guerriers de Fayçal : les nationalistes radicaux. Ceux-là risquent de nous causer de gros ennuis.

Je comprends. Qu'attendez-vous de moi ?

Que vous les rencontriez. J'ai ici certains noms. Je souhaite que vous tentiez de les raisonner. Tâtez le terrain. Voyez s'il n'existe pas de points d'accord possibles. Vous me comprenez, bien entendu.

Parfaitement. Mais permettez-moi, mon général, d'ajouter un élément de plus à vos soucis.

Ah !

Les chrétiens du Mont-Liban, les maronites. Vous avez pu vérifier par vous-même avec quel enthousiasme ils ont accueilli nos troupes à mesure que celles-ci prenaient position autour de Beyrouth. À leurs yeux, nous sommes des libérateurs. Désormais, ils songent à un État libanais indépendant, qui serait protégé par les liens privilégiés avec la France. Ils ont même délégué leur patriarche pour les représenter et demander l'indépendance de leur région.

Ils veulent être protégés ? Mais de quel ennemi ? questionna Robert de Caix.

Des druzes.

Les druzes ?

Je ne vais pas vous assommer avec des explications théologiques. Disons que les druzes pratiquent un islam marginal, basé sur l’initiation philosophique. Tout le temps qu'a duré l'occupation ottomane, le Mont-Liban, peuplé essentiellement de familles de notables chrétiens et druzes, a bénéficié d'un pouvoir autonome. Il y régnait une sorte de régime féodal. Tout ce monde semblait plus ou moins s'entendre jusqu'en 1858, où des paysans druzes, sans doute encouragés par les Turcs, se sont révoltés contre les prétendus abus d'un gouverneur maronite. Ce qui commença par une jacquerie se transforma en un bain de sang. On a compté plusieurs milliers de victimes maronites dans la montagne, à quoi il faut ajouter des tueries de chrétiens, ici même, en Syrie. On a parlé de 5 000 morts dans la seule journée du 9 juillet de cette année-là.

Et aujourd'hui, ces maronites réclament un État ? C'est insensé ! Si toutes les minorités devaient en faire autant, où irions-nous, que diable ! Ces gens n'ont-ils pas appris que l'on est toujours la minorité de quelqu'un ?

Monsieur de Caix, nous avons chassé le grand méchant loup ottoman. Nous l'avons remplacé. Ce faisant, nous avons soulevé un immense espoir parmi ces peuples qui vivaient dans la servitude depuis des siècles. N'est-il pas dans leur logique qu'ils réclament leur dû ?

Tout en parlant, Levent jeta un coup d'œil à sa montre gousset. Son cœur s'emballa. Plus que quelques heures. Il avait rendez-vous avec Dounia, la sœur de Nidal el-Safi, demain, à Alep. L'Irakienne l'aiderait à se laver l'esprit de ce méli-mélo géopolitique et du cynisme du monde.

Ces nationalistes, vous avez dit posséder certains noms. Puis-je les avoir ?

Le général lui confia une note pliée en deux.

Vous nous tiendrez au courant, bien entendu.

Bien entendu, mon général.

Levent hésita un instant, puis sortit de sa poche intérieure une enveloppe qu'il déposa sur le bureau.

Qu'est-ce que c'est ?

Une faveur que je vous demande. Il s'agit du fils d'un ami irakien. Au début de la guerre, il faisait partie d'un bataillon turc. Sa dernière lettre indiquait qu'on l'avait muté à Damas. Vous trouverez dans cette enveloppe son nom, les informations concernant ce bataillon. Si vous pouviez essayer de savoir ce qui lui est arrivé...

Je vous promets de faire de mon mieux. Toutefois, je préfère vous mettre en garde : ne vous faites aucune illusion. Ici, c'est le foutoir. Entre les prisonniers turcs faits par les Anglais, ceux capturés par les Arabes, et enfin par nous… Mais, je vous le répète : je ferai de mon mieux.

Levent s'apprêtait à prendre congé lorsque Robert de Caix lui demanda :

– Honnêtement, vous qui connaissez bien l'Orient croyez-vous être en mesure d'apprivoiser ces gens ? Je veux parler des nationalistes syriens.

Levent médita quelques secondes.

Je crois parfois que Dieu, en créant l'homme, a quelque peu surestimé ses capacités. Mais, comme vient de le dire le général : je ferai de mon mieux.

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